“Quand on renie le passé on perd l’avenir.” Dulce Maria Cardoso
Un sujet devenu malheureusement actuel.
Pour commencer, de quoi parle-t-on ? Il s’agit d’un encart, placé avant un film, un livre, un jeu ou n’importe quelle œuvre culturelle ayant été produite il y a quelques temps (Souvent plusieurs décennies en arrière, voire plus), devant redonner « Un peu de contexte ». Autrement dit, dédouaner les diffuseurs ou éditeurs de toute responsabilité s’il s’avère qu’un membre du public se sente choqué par les propos de l’œuvre.
En soit, pourquoi pas, si l’intention était de donner plus d’explications sur l’œuvre en question. Par exemple, sur un point d’Histoire absolument nécessaire à connaître, pour tout comprendre. Ou encore, pour que le lecteur ou spectateur apprenne une référence précise, qui l’aidera ensuite à mieux apprécier le spectacle.
Hors, cette mise en contexte n’a pas du tout cela pour objectif. Hélas. Son seul but est de dire au spectateur « Attention, ce truc a été écrit ou réalisé à une époque où les gens n’avaient pas les mêmes valeurs morales que nous et pas les mêmes idées sur la société. Et c’est pas notre faute, on ne fait que le diffuser et on trouve ça honteux, donc s’il te plaît, sois gentil ».

Une insulte aux personnes
Il ne peut y avoir que deux explications à ce désir de recontextualiser :
– Soit le spectateur ou lecteur est considéré comme beaucoup trop stupide pour se dire tout seul que oui, forcément, un livre ou un film du 19ème siècle n’aura pas été créé avec les valeurs du 21ème, il faut donc le lui expliquer clairement. Autrement dit, le traiter d’abruti.
– Soit les diffuseurs et éditeurs eux-mêmes n’arrivent pas à le comprendre et donc se sentent obligés de l’écrire, par peur de se manger une tempête sur les réseaux sociaux.
Par pure charité Chrétienne (évidemment), considérons que ce soit la seconde raison la bonne. Nous n’oserions penser que l’industrie des loisirs considère ses clients comme des imbéciles. Que celui venant de tousser se dénonce.
A-t-on réellement besoin de tout recontextualiser ? De devoir répéter, ad vitam æternam, que les personnes des siècles précédents ne pensaient pas comme nous ? Cela semble pourtant… Tellement logique… Tellement basique… A un point tel qu’il est hallucinant de se dire que ce n’est pas de la plus parfaite évidence pour tout le monde ! Alors pourquoi ? Comment ? Par quel innommable sorcellerie une évidence aussi stratosphérique peut-elle être oubliée ? Et pourtant, recontextualiser est devenu « nécessaire », sur certaines œuvres et nul doute que cette mode ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Entre ça ou réécrire les œuvres, les deux méthodes sont aussi idiotes et insultantes l’une que l’autre.
Oublier le passé par honte condamne à le revivre
Bien qu’il soit tout aussi évident qu’il ne faut pas accepter le racisme, les injustices diverses ou toutes les horreurs du monde, nier qu’elles ont existé ou ont dominé un mode de pensée ne changera jamais le passé. Pire encore, nous pouvons collectivement oublier ces événements et in fine, tout recommencer.
Que faire, à présent que cette aberration s’est installée ? Comment aider ceux et celles se félicitant de ça à retrouver un peu de logique basique dans leur existence ? Faut-il les abandonner dans leur coin et dans leur marasme ? L’idée est tentante, quoi que peu charitable. C’est d’autant plus frustrant qu’il est impossible que ces personnes aient si peu de logique. Comme pour tout, ce besoin a été créé en elles, par manque d’enseignement de l’esprit critique. C’est aussi bien pratique, pour gagner des points de vertus facilement et se faire passer pour le héros, le sauveur des communautés opprimées, pourfendeur des idées d’un autre temps. Oublier, ignorer le devoir de mémoire, c’est promettre un avenir où les mêmes erreurs seront répétées en boucle.
Cessons de nous rendre plus idiots que nous le sommes réellement et de gonfler ce genre de principes. Nous valons tous beaucoup mieux que ça.

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